Argument du Colloque


Le 12 mars 1939, il y aura soixante dix-ans cette année,

Le cardinal Pacelli accédait au trône de Pierre sous le nom de Pie XII.
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En octobre dernier, nous fêtions le cinquantenaire de la mort du pape Pie XII. Qu’avons-nous alors lu et entendu… Jusqu’à, en plein synode, la parole d’un rabbin  – pourtant invité à participer aux travaux – s’opposant, sans la moindre réserve d'usage, à la béatification d’un pape de l’Eglise catholique !



Pourtant, en ce cinquantenaire, comment ne pas nous souvenir ?

 

Le 9 octobre 1958, l’Eglise était en deuil et le monde entier avec elle si l’on en croit le déferlement de télégrammes émanant de tous les pays : chefs d’états, présidents d’associations, simples particuliers, catholiques ou non. Ce furent des témoignages d’émotion, de respect, d’admiration ; mais aussi des témoignages de gratitude pour son action durant la seconde guerre mondiale. Il est d'ailleurs intéressant de noter qu'une grande part de ces derniers émanait de personnalités ou de groupes juifs reconnaissants.
 
Ce jour là, pour ne citer qu’eux, Léonard Berstein, dirigeant le Philarmonique de New-York, fit respecter une minute de silence « pour la disparition d’un très grand homme » et Golda Meir, alors ministre de l’Etat d’Israël, envoya un télégramme de condoléances où elle affirmait : « Nous partageons la douleur de l’humanité. (…) A l’heure où un terrible martyre s’abattit sur notre peuple, pendant la décennie de la terreur nazie, s’éleva la voix du pape pour les victimes ».

La voix, mais aussi les actes : chaînes d’entr’aide, accueil dans les couvents, financements divers, protections en tout genre, tout ce qui pouvait être fait avait été fait et, à la fin de la guerre, l’on vit d’émouvants témoignages de reconnaissance comme ce concert de 1955 que le Philarmonique d’Israël offrit à Pie XII « en remerciement pour l’œuvre humanitaire grandiose accomplie par Sa Sainteté pour sauver un grand nombre de juifs pendant la seconde guerre mondiale », ou le geste du grand rabbin de Rome qui, lors de sa conversion, tint à recevoir en nom de baptême Eugenio, le prénom même du pape en remerciement pour les actions dont il avait été un témoin privilégié.


C’est dire combien, quelque cinq ans plus tard, il fallut mentir et travestir les faits pour monter, sur fond de guerre froide et en plein Concile Vatican II, une campagne de calomnie visant à marquer Pie XII – et avec lui l’Eglise tout entière – comme indifférent, voire complice du nazisme et de ses crimes.


Aujourd’hui, malgré les voix honnêtes qui s’élèvent (1), à l’occasion de ce cinquantenaire nous avons pu constater à quel point la désinformation poursuit sa sinistre besogne et pèse lourdement sur les esprits (2) au point que bon nombre de catholiques – quand ce n'est pas l’Eglise elle-même – préfèrent souvent laisser dire.



C'est pourquoi le Cercle Thomas More tient à célébrer le septentenaire

de l’élection de ce grand pape canonisable.

Laissant aux historiens le soin de parachever l’œuvre de restauration de la mémoire vraie, c’est à dire de la mémoire des faits réels et des actes réellement posés par Pie XII durant la dernière guerre mondiale, nous nous souviendrons que, lors de son accession à la chaire de Pierre, croyants et incroyants furent unanimes pour saluer la grande intelligence et l’immense culture du cardinal Pacelli (3). En cette année 1939, année de tous les périls, le nouveau chef de l’Eglise était pour tous, certes, un talentueux diplomate, mais aussi, un “intellectuel” de grande envergure.


“Intellectuel”… Que signifie ce qualificatif pour un homme d’Eglise ? En quoi Pie XII a-t-il pu faire “œuvre intellectuelle” et quelle pouvait être la portée d’une telle œuvre ? L’œuvre intellectuelle n’étant pas désincarnée, comment ce pape articula-t-il sa réflexion dans une époque où tout semblait basculer et s’emballer : la pensée, les sciences, les techniques, les arts, les mœurs ? Comment Pie XII concevait-il le lien entre la foi et la raison dont il était convaincu qu’elles ne pouvaient s’opposer ?


Sous la Présidence de Monsieur le Professeur François-Georges Dreyfus, historien
incontestable (et incontesté) de cette époque de notre histoire, plusieurs intervenants présenteront divers aspects de la façon dont Pie XII appréhendait et enrichissait la vie intellectuelle de son temps : son regard sur la recherche scientifique et ses applications techniques, sur la vie universitaire, sur la pensée juridique,  sur la culture – allemande entre autres –, ainsi que sa conception de l’art et de la littérature.

Ce colloque étant œuvre de laïcs, là également, sans l'oublier pour autant, n
ous laisserons aux théologiens le soin d'étudier la contribution de Pie XII à l'élaboration de la pensée et de la recherche théologiques et mariologiques.



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(1) – Que l’on ne peut, pour certaines, soupçonner d’anti-sémitisme, telle celle du rabbin David Dalin : « Pie XII et les Juifs » : Editions Tempora, 2007
(2) – Montée de toute pièce et orchestrée par le KGB (ainsi que cela fut confirmé lors de la Perestroïka), la campagne de calomnie initiée en 1963 à grands bruits avec la pièce de théâtre « Le Vicaire » de Rolf Hochhuth fut relancée avec virulence en 2002 par le film « Amen » de Costa Gavras.
(3) - Seuls les nazis trouvèrent à se désoler de cette élection…



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